Au travers des séjours de vacances ou de répit, nous proposons une diversité d’activités, ateliers et médiations, qui sont pour certaines individuelles et d’autres collectives. Elles sont pensées en appui sur les potentialités et les difficultés des personnes accueillies. Comme nous le rappelle Delphine Goetgheluck, la médiation, c’est avant tout une rencontre, l’ouverture sur un espace intermédiaire de création et de plaisir.

1 – L’ATELIER BALADE

La majorité des lieux d’accueil dont nous disposons se situent en zone rurale. L’atelier balade à été pensé à partir des travaux de Fernand Deligny et de Maud Mannoni, en partant du postulat que “l’influence du monde rural sur les enfants psychotiques, autistes […] favorise un rapport à l’espace et au temps, un rapport au vivant” 1 qui permet aux personnes de s’individualiser. La balade 2 est un atelier de groupe au cours duquel plusieurs usagers (enfants, adolescents ou adultes) accompagnés de leurs référents respectifs partent effectuer une marche sur un circuit en général prédéfini, pour des questions de repère et de sécurité.

La balade peut cependant laisser libre cours à l’exploration du terrain, tout en gardant à l’esprit la temporalité accordée dans la journée à l’activité. C’est un atelier qui a lieu en moyenne 4 fois par semaine en groupe de 6 personnes et qui peut être accessible à tous, quelle que soit leur tranche d’âge ou leur pathologie.. La balade est ici appréhendée comme un outil et non une finalité. En faisant un objet de médiation appréciable pour tous et autour duquel les différents membres du groupe vont pouvoir se retrouver.

activités pour autistes, balade en nature pour ce groupe d'enfants

La balade est un élément central qui est présent et tellement évident qu’il a tendance à rester en toile de fond. Le fait de marcher permet d’inscrire le corps dans une activité physique automatique qui libère l’esprit pour faire autre chose. La balade permet d’entrer en relation avec les autres membres, de découvrir l’environnement, faire des expériences. Au travers de cet atelier, il va être possible pour les membres du groupe d’éprouver le sentiment d’appartenance à un collectif et donc de s’appuyer sur la dynamique du groupe.

C’est un cadre qui permet la rencontre et le déploiement de relations. La simplicité du cadre de l’atelier ne contraint pas les personnes à être face à des règles sociales complexes. Face à un environnement simple, les personnes, quel que soit le trouble dont elles sont atteintes, peuvent porter un intérêt aux autres et au groupe.

2 – ACTIVITÉS CULTURELLES (visites de sites, musées, châteaux…)

Nous cherchons à offrir aux vacanciers accueillis l’occasion de s’ouvrir à la culture, notamment à travers la découverte de divers sites historiques et de musées (Forum des automates, Château de Guillaume le Conquérant, village du Castellet, etc.). Ces activités favorisent l’ouverture culturelle ainsi que l’enrichissement de la culture personnelle des personnes. Définies en fonction des lieux d’accueil, ces sorties culturelles permettent ainsi, au-delà de l’aspect socialisant de la rencontre avec diverses populations dans un milieu ordinaire, une ouverture à la culture et au patrimoine français.

atelier pour autistes, laine

3 – LES ÉVÉNEMENTS LOCAUX

Toujours dans une dynamique d’inclusion de la personne, l’association J’interviendrais est amenée à proposer aux vacanciers d’assister aux divers événements qui peuvent avoir lieu dans la commune qui les accueille. Pour ce faire, les coordinateurs de séjours sont en lien avec les offices de tourisme locaux afin de rester informés des animations qui peuvent être proposées par la ville. Les feux d’artifice du 14 juillet, les fêtes foraines, ainsi que les concerts et autres spectacles d’été en extérieur sont autant d’occasions d’ouvrir une fois de plus les personnes à la découverte d’activités nouvelles et à la rencontre avec d’autres populations.

Le festival médiéval “Les Médiévales” qui a lieu chaque été à Falaise en est un exemple. Les jeunes accueillis sur ce centre ont d’ores et déjà l’habitude de s’y rendre chaque été pour observer et participer aux festivités. La participation à ce type d’évènement reste également un moyen d’offrir une visibilité aux personnes accueillies et de sensibiliser les gens à leurs pathologies.

4 – LE SPORT

parcours sportifNous sommes amenés à proposer diverses activités sportives tout au long des séjours, telles que des parcours sportifs, des olympiades, ou encore des sorties à la piscine, suivant 14 une approche personnalisée et adaptée à chacun. L’attendu pour chaque personne accueillie n’est pas du tout la performance mais l’épanouissement à travers la socialisation, l’effort et l’ouverture aux activités qui lui sont proposées.

Le recours à des médiations sportives permet un travail sur la coordination motrice ainsi que le développement de relations avec l’environnement. Ce support favorise également la socialisation à travers le développement d’interactions entre les personnes accueillies, mais également avec les professionnels.

5 – L’ATELIER MUSIQUE

La médiation musicale est utilisée comme un moyen d’inclusion, d’ouverture, d’expression et de communication. L’usage du sonore dans le cadre de l’atelier musique permet de mettre au premier plan la communication analogique avec la mise en lumière des expressions sensorielles et corporelles (Brun, 2007, 2012) et d’ouvrir sur un processus de créativité. Il ouvre sur une dimension ludique avec une prise de plaisir potentiel.

activité musique, groupe d'autistes

L’atelier a lieu une fois par semaine sur une plage horaire spécifique. Proposé en groupe, il s’adresse à tous les usagers et leurs référents. Les médiateurs musicaux proposés sont très variés et choisis selon l’idée de “privilégier des instruments qui peuvent s’utiliser de diverses façons et avec les différentes parties du corps (mains, coudes, pieds) ce qui augmente la dynamique des possibilités” 3. Nous faisons appel à ces supports d’activités dans le but d’ouvrir la personne à l’expression libre de sa créativité.

LES VEILLÉES

Les personnes autistes ont des difficultés à décrypter les rapports sociaux et présentent des modes de communications avec des modalités de perception très spécifiques ; il leur est difficile de communiquer avec les autres personnes. Les veillées ont été pensées comme un espace de rencontre, de déploiement de la créativité et de jeu. Elles sont repérables dans l’espace et le temps, puisqu’elles se déroulent dans une pièce spécifique et qu’elles sont enchaînées toujours dans le même ordre.

Préparées en amont par le coordinateur, ce sont des temps de collectivité, de convivialité et de spontanéité. Là encore, de nombreuses activités sont proposées. Une veillée réussie est magique, elle émerveille les petits et les grands ! Les vacanciers comme leurs accompagnateurs n’hésitent pas à jouer avec le matériel, le décor ou les lumières. Chaque veillée se termine par un retour au calme au travers du moment de “la bougie”. La bougie intervient comme un rituel à la fin de la veillée : les lumières s’éteignent et font alors place à une musique douce accompagnée de spots lumineux, qui permettent à l’enfant, l’adolescent ou l’adulte de calmer son excitation et de se préparer au coucher. Chacun va ensuite se coucher au fur et à mesure, à son rythme.

Jeux interactifs

Cette veillée est aussi dénommée la rencontre du groupe. L’ensemble des participants se retrouve assis en cercle. Plusieurs petites activités vont être proposées, les unes à la suite des autres. Chacune des propositions est pensée dans un but d’interaction et de communication entre les participants à partir des moyens d’expression de chacun (verbal, pointage, tactile, mimique…). Cette veillée met en avant des consignes simples de jeu collective, ainsi que la possibilité de s’appuyer sur l’imitation et le groupe pour s’aider. Les jeux proposés sont sous tendu du “play” de Winnicott, dans un échange ou chacun participe à son tour. Elle permet de créer une dynamique de groupe et ouvre les enfants aux personnes qu’il y a dans le groupe.

Il y a le jeu du “Jbouing” une peluche qui va être lancé par chacun à d’autres partenaire en les nommant, le “Dé magique” sur chacune des surfaces du dé il y a une action que chacun va lancé à son tours et ou tous le monde devra reproduire cette action, “La bataille” des petit soldat en plastique sont au milieu c’est un groupe ennemie qu’il faut vaincre au top départ chacun avec l’usage d’une balle en mousse devra tenté de faire tomber les soldats. Le “drap magique”, tout le monde se rapproche pour tenir l’extrémité d’un grand drap auquel est déposé en son centre des petites balles lumineuses, le but est de ne pas les faire tomber tout en faisant tanguer le drap de par et d’autres, coordination et soutien sont de rigueur.

Comédie musicale

Une musique, un enfant, un animateur, un objet… et un public ! Cette veillée introduit la relation duelle entre l’enfant et son animateur, elle permet à la relation de se développer et consiste en un échange : chacun est à l’écoute de l’autre et improvise, à travers parfois la médiation d’un objet (foulard, bâton) et sous le regard bienveillant du groupe. L’aspect de mise en scène permet à l’animateur d’être créatif, de proposer plusieurs choses et d’être réceptif à ce que l’enfant répond. Toutes les surprises sont alors possibles !

Cirque

La veillée spectacle ! Chaque enfant présente, avec son animateur, un numéro sur la thématique du cirque à l’aide du matériel proposé (jongleur, acrobate, dresseur, magicien, cascadeur, clown…). Ce numéro peut être préparé à l’avance et est mis en scène : il a un début, un milieu et une fin, l’enfant est introduit L’objectif est que, à son échelle, il réalise un « exploit » : il sera ainsi fier de lui et investira d’autant plus la veillée (ex : grimper sur une chaise pour un enfant à la motricité difficile, utiliser un objet pour un enfant qui a de nombreuses stéréotypies…). L’ensemble de la veillée contribue à mettre l’ambiance : la scène est repérable, tout le monde est déguisé, la musique entraînante, les applaudissements…

Musique

Chaque enfant se place, avec son animateur, face au groupe et devant les instruments présentés. Ceux-ci sollicitent à la fois le canal visuel, auditif et tactile : l’un ou l’autre de ces canaux suscitera pour l’enfant un intérêt, et lui fera choisir l’instrument qu’il préfère. Il doit pouvoir prendre le temps de l’explorer, avec l’aide de son animateur, puis il peut l’utiliser pour une petite séquence musicale ; l’animateur, à l’écoute, pourra répondre à l’enfant avec un autre instrument, de sorte à développer un échange.

Contes ou Cinéma

Les enfants sont spectateurs : ce sont les animateurs qui leur font le spectacle ! Cette veillée est idéale lorsque la journée a été source d’excitations et de fatigue (pique-nique, piscine…) : les enfants peuvent se recentrer, se poser, grâce à l’accès à l’imaginaire et à la rêverie qui leur est proposé. L’animateur soigne la mise en scène (décor, lumière, déguisement) et adopte une position statique, qui cadre les enfants. Seuls sa voix et son regard sont modulés, afin de capter l’intérêt de l’assistance.

Marionnettes

Les marionnettes permettent aux enfants d’être acteurs du spectacle, et le personnage qu’ils choisissent les aide à créer une histoire, car ils s’identifient à la marionnette et peuvent se projeter sur elle leurs angoisses, leurs rêves… Le ludique est ainsi dépassé et imprégné de sens.

Boum, chasse au trésor ou jeux interactifs

Le dernier jour, la veillée est collective et festive : la fin des vacances est ainsi signifiée en groupe et par le groupe. Le cadre des veillées est strict, il ne change pas car il constitue un repère pour l’enfant. Mais attention ! Chaque veillée est unique, les activités sont multiples, aucune ne se ressemble tant elles dépendent des enfants présents, des animateurs, du groupe et des relations qui se sont nouées. Dans le cadre ici défini, tout est donc ouvert : l’alchimie dépendra de la créativité et de l’envie de chacun !

1 Courant G. (2015), Du lieu-dit au lieu pour vivre, vie sociale et traitements, (n°125), p53-58

2  Chocron, M., Vicherat, L. & Khial, E. (2016). Un atelier balade : comment ça marche ?. Cliniques méditerranéennes, 93, 221-236.

3 Dubois A-M, (2017), Art-thérapie: Principes, méthodes et outils pratiques, (Elsevier Masson).